Atelier d’adultes au Teil (nov. 2017)

Atelier d’écriture avec des adultes sur le thème de la lettre et de la disparition.

 

Texte de N.

Salles obscures, cabines de projection, pellicule, grain, je pense à vous,

vous êtes dans le collimateur, combien de temps ce monde supportera t-il votre fragile survie ?

On vous a, chères salles, transformées en supermarchés, en parkings. La mythique salle du Palais à Cannes changée depuis longtemps en hôtel de luxe, ses mille fleurs de plâtre jetées dans les gravats.

On vous a étriquées, dépouillées de vos charmes.

Démolis balcons, colonnades. Magie des cabines, doux tac tac tac du projecteur, remplacés par des ordinateurs, merveilleuse pellicule un détestable pixel a pris la place de ton grain.

Le combat est inégal, quelques uns ont tant à y gagner.

Je me joins à vous pour vouer un culte éternel à Quentin Tarantino qui tel Don Quichotte, contre vents et marées, n’abandonne pas la lutte !

très cinéphiliquement

 

Texte de P.

Mes chers albums photos

Je m’adresse à vous, mes trois albums photos chers à mon cœur. Si vous saviez combien vous me manquez !

Depuis votre disparition je vous ai cherchés partout : dans le bureau, dans les cartons contenant les vieilles photos. Vous n’êtes plus là…

Trois petits albums, identiques ou presque. Chacun constitué d’une série de photos prises par un photographe à la maternité lors de la naissance de mes trois enfants.

Je me souviens de ces photos auxquelles je tiens tant, ces photos sur lesquelles je suis jeune, radieuse avec chacun de mes enfants.

Je me souviens surtout de la forte ressemblance entre ces trois beaux bébés au visage doux et régulier et au crâne recouvert d’un fin duvet blond.

Sur votre couverture, vous les trois albums de mon cœur, je n’ai jamais inscrit le prénom de l’enfant que vous représentez. Si bien que pour vous identifier, vous attribuer respectivement le prénom de chaque enfant, je me souviens, il y a quelques années lorsque vous étiez encore auprès de moi, avoir dû chercher le détail, la couleur et l’imprimé de la brassière portée par le bébé photographié.

Vous n’êtes plus là, plus présents à mes yeux, mais toujours présents dans mon cœur. Je vous revois dans mes souvenirs et je pense à vous avec tendresse. Lorsque je pense à vous un tendre sourire apparaît sur mon visage et mon regard s’éclaire.

Vous aussi savez que je vous attends, patiemment, avec amour.

Je sais que nous nous retrouverons un jour, je suis confiante. Vous résisterez au temps qui passe, à la bêtise et à la malveillance. Et vous me reviendrez.

L’amour, le langage du cœur seront toujours plus forts.