
Pas de déplacements physiques entre les gares de Paris et de Dole mais des allers-retours quotidiens par mail. Ma résidence d’écrivaine se poursuit de façon inédite. Par correspondance. Les textes finis, l’atelier d’écriture a fait place à un atelier audio.
Les élèves des collèges de Damparis et de Tavaux dans le Jura enregistrent seuls leurs textes, leurs histoires puis ils les envoient à Rachel Clairotte et Céline Viennet, les documentalistes de leurs établissements qui, à leur tour, me les transmettent. Une chose est sûre : sans l’engagement de leurs professeurs, tout cela ne serait pas possible et le confinement aurait mis fin à notre projet prématurément. Mais grâce à elles, l’aventure continue, autrement.
Pas évident, pour nombre de ces adolescents, de découvrir leur voix capturée par leurs portables. C’est une chose d’envoyer des messages audio à des amis, c’en est une autre de raconter une histoire, de garder la concentration du début à la fin, de s’entraîner à lire, d’essayer de ne pas bafouiller, de se réserver un moment sans bruit autour de soi, de comprendre à quoi sert la ponctuation, de mettre le ton.
Il y a aussi l’aspect technique : on croit tous savoir ça, s’enregistrer et, pourtant, il faut trouver le meilleur endroit, la meilleure distance, la plus belle façon de poser sa voix, marquer des silences ou des accélérations. C’est tout ça que nous voyons ensemble. Parfois, il faut recommencer une première fois et encore une deuxième… et peut-être même encore…
Bien sûr, tous les élèves ne jouent pas le jeu. Loin des yeux, on ne se sent plus d’obligation. Et pourtant, une majorité est là au rendez-vous. Et, à chaque fois que je reçois un nouvel enregistrement, j’avoue, je me précipite pour écouter. Ils sont étonnants.