Est-ce qu’il n’y aura plus d’autre résidence avant longtemps ? Est-ce que les écoles, les collèges, les lycées, les médiathèques n’inviteront plus d’auteurs, d’autrices désormais ?
Est-ce que cet atelier d’écriture rendu possible par la médiathèque du Grand Dole sera le dernier avant des mois tant que la pandémie ne sera pas finie ?
Je n’espère pas. Car, je mesure, jour après jour, à quel point avoir l’occasion d’être en résidence d’autrice est pour moi important, vital. Ce n’est pas seulement que ça m’inspire, que ça me nourrit, cela me permet aussi de jouer un rôle au sein de la cité. C’est un privilège que de pouvoir être une adulte en contact avec des collégiens. Ni leur prof, ni leur mère, mais une adulte qui peut partager avec eux une histoire, des rêves, une expérience, un parcours, une représentation du monde et échanger avec eux, les écouter, les questionner aussi.
Pour le moment, ma résidence d’écrivaine touche à sa fin, encore plus accaparante pour l’esprit que si elle avait continué à se dérouler comme prévu.
En temps normal, le temps est bien compartimenté, délimité.
En pandémie, il est flou et vague. Il s’étire, il te bouffe. Les moments se superposent.
J’attends encore les derniers textes audios des retardataires. On pourrait croire que ces élèves s’en moquent et, pourtant, je me mets à leur place. Je vois bien à quel point c’est compliqué de poursuivre l’échange quand on ne se voit pas, d’essayer de se motiver et de continuer. Pas pour tous, mais pour certains et ça suffit de se dire que, pour eux, c’est un souci.
Les nouvelles technologies m’ont bien aidée pour cette dernière partie de résidence. Sans elles, tout aurait été prématurément fini. Mais elles ne remplacent pas les contacts humains, les regards, les mouvements des corps, la réaction immédiate même contrôlée de celui qui te regarde, qui t’écoute. Plus que jamais, je me dis que si on réfléchit à de nouvelles formes d’enseignement, il faudra savoir garder à leur place les écrans et tous les gadgets qu’on voudrait voir se généraliser à l’école. Malheureusement, je ne suis pas naïve et je ne suis pas sûre qu’on remette en cause ce qui a été lancé.
En attendant, il me tarde de pouvoir mettre en ligne les histoires des collégiens de Tavaux et de Damparis. Traces de ce qui a eu lieu.