Goma

Mai 2024.

Trente ans après, je retourne dans le Kivu, en RDC, après une tentative avortée à cause des conditions de sécurité. Je passe quinze jours à Goma, où je suis venue en 1994, après le génocide des Tutsis au Rwanda voisin, et à Bukavu, le chef-lieu du sud Kivu que je découvre. J’anime des ateliers d’écriture et j’apprends beaucoup des récits entendus. Ce voyage, je le réalise avec le dessinateur Deloupy. Nous avons en projet une bande-dessinée qui sera publiée par les éditions Futuropolis.

Janvier 2025. J’arrive à Kigali, la capitale du Rwanda au moment où à 160 kilomètres de là, le M23 prend la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, en RDC. Trois semaines plus tard, avant de rentrer en France, je veux me rendre compte par moi-même de la réalité de la vie à Goma et je m’y rends.

Je retrouve certains de celles et ceux que j’ai rencontrés en mai 2024 et je les écoute me raconter leur vie, les événements éprouvants qu’elles et ils ont vécus fin janvier.

Quelques heures à Goma pour voir, observer, écouter, essayer de comprendre.

Car, ce que j’ai entendu dans les médias ne correspondait pas à ce que j’ai appris du Rwanda et de la RDC. J’en ai eu la confirmation en me rendant sur place.

La désinformation est un art. C’est donner l’apparence du réel avec des faits établis et aboutir à l’exact contraire. C’est plaquer des clichés et se laisser embobiner par ceux qui parlent le plus fort. C’est raconter en déformant la réalité et en instaurant le mensonge comme vérité.

Tout cela ne sert pas les populations civiles, tout cela engendre plus de conflits et de violences. Tout cela sert les charognards, les colons et les corrompus, tous ceux à qui la misère et la guerre profitent pour exercer leur pouvoir, leur domination, leurs trafics en tous genres.

La paix ne pourra jamais venir du mensonge. Et cela fait au moins 30 ans que cela dure.