La mémoire en blanc

CRU-LAMEMOIREENBLANC

La mémoire en blanc, Editions Thierry Magnier, Grand Format, 2015

Sélectionné en 2016 par le Ministère de l’Education nationale dans la liste de lecture « Littérature pour les collégiens ».

Sélectionné par le prix littéraire des collégiens et des Lycéens de Rillieux la Pape 2016, Livre Franche 2016, le Grand Prix du jeune Lecteur à Casablanca au Maroc, le Prix littéraire du Collège Juliette Dodu à La Réunion.

Léonie revient à Lyon pour quelques jours, elle est danseuse à Bruxelles dans une compagnie prestigieuse, elle a dix-neuf ans. Elle a été adoptée par une bonne famille lyonnaise, elle est noire. Harcelée au téléphone, agressée dans la rue et dans le métro, elle se rend vite compte que ce n’est pas le fait du hasard. Devant l’attitude embarrassée de ses parents, elle va détricoter le fil de son histoire. Non, elle n’est pas née en France mais au Rwanda, où son père faisait des affaires avec l’armée. Vingt ans après le génocide, la plaie est encore ouverte pour certains de ses compatriotes, avides de vengeance.
Pour Léonie c’est la stupéfaction, la révélation de son identité noire à laquelle elle n’avait jamais pensé dans ces termes là, et les cauchemars qui l’assaillent depuis toujours prennent leur sens. Heureusement, il y a la danse, et son amoureux qui veille.

Thèmes : identité, adoption, famille, histoire, Afrique, secret, France/Afrique, Europe/Afrique, relations parents/enfant, danse…

Livre retenu en juin 2019 par l’Education Nationale dans sa liste « Littérature pour les collégiens » – Classe de 3ème – dans la catégorie « individu et pouvoir, agir dans la cité ».  Recommandé à la lecture pour découvrir des œuvres et textes du Xxe siècle appartenant à des genres divers et en lien avec les bouleversements historiques majeurs qui l’ont marqué.

Extrait :
Léonie se réveille brusquement. Coeur battant, peau moite. Son cauchemar est revenu. Décousu, mais toujours le même. Elle reconnaît le goût de tourbe sur la langue et cette
sensation étrange de soulagement qu’elle éprouve à chaque fois, comme si elle venait de retrouver la surface du monde après un long séjour passé dans les entrailles de la terre.
Elle vide ses poumons de trop d’air vicié accumulé dans les alvéoles. Son rythme cardiaque s’apaise doucement. Elle s’enroule dans l’écharpe de Raoul. Le tissu écossais a gardé
intacte l’odeur de sa peau dans les fibres de la laine. Les narines béantes, elle inspire à fond. Ce parfum calme, une à une, les cellules de son corps. Son coeur pointe, cependant,
nerveusement entre les seins, aiguisé, mordant. Raoul lui manque. Déjà, bien sûr, éperdument. Mais l’absence d’un amoureux ne provoque ni cette sorte de nausées, ni ce genre de déchirements internes. La descente aux enfers dès qu’elle ferme les yeux. Un monstre tapi en elle. Enchevêtrement de feuilles et de branches. Grognement de chiens. Ciel grillagé. Promiscuité de clapier. Corps contorsionnés. Bouches asséchées, ensanglantées.
Stop.
Stop.
Il faudrait pouvoir tout effacer.
Arrêter la course des images.
Biffer.
Repeindre la mémoire en blanc.

Ils en parlent :

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