Oyonnax, résidence, semaine quatre

 

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Lundi 5 mars 2018

« La sagesse est de ne pas s’agglomérer, mais, dans la création et dans la nature communes, de trouver notre nombre, notre réciprocité, nos différences, notre passage, notre vérité, et ce peu de désespoir qui en est l’aiguillon et le mouvant brouillard »

René Char, Rougeur des matinaux, V

 

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Lever aux aurores. Je devance le réveil fixé sur 4H45. De la nuit partout pour envelopper les objets. Café, métro, gare. Quai bondé à Lyon Part-Dieu pour le TER de 6H20 à destination de Bourg-en-Bresse. Un tortillard qui s’arrête partout et s’enfonce dans le brouillard. Dans le train, je finis de préparer ma rencontre de tout à l’heure à la classe relais.  Découpage, pliage. Peut-être que je fais ça pour rien. Peut-être pas. Terminus à Bourg en Bresse. Les voyageurs se pressent et débordent sur le quai, dans l’escalier. Des lycéens, beaucoup d’internes avec leurs énormes valises.

 

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L’autocar pour Oyonnax. Confortable et impeccable. Le chauffeur salue chaleureusement chacun des passagers, mais n’empêche. La SNCF qui se défausse et remplace ses trains par des bus lancés sur la route a piètre allure. Il suffit de voyager quelques fois en France pour s’apercevoir à quel point le transport ferroviaire est mal en point, en recul complet.

 

 

A l’heure du réchauffement climatique, on nous fait croire que l’autobus est à la pointe de la modernité. Exploit de propagande. Colère.

J’enrage

contre ceux qui démolissent pas à pas notre réseau ferroviaire.

Contre ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez d’épicier à la petite semaine.

Contre ceux qui ne font qu’empirer les choses, trop loin de la vraie vie des gens qui se complique quand les trains se raréfient.

Contre ceux qui, pour ne pas dire ce qui est, pointent du doigt les cheminots et leur super statut.

C’est toujours la même histoire, trouver un bouc-émissaire et faire croire au reste de la population que si elle vit si mal ou si le système fonctionne mal, c’est à cause d’une catégorie de la population. Bientôt, nous serons tous à poil.

Sur médiapart, un syndicaliste s’indigne : « Pendant que l’on parle du statut, on ne parle pas du reste. Les Français seraient vent debout s’ils comprenaient la destruction du service public qui se profile, l’abandon de toute politique ferroviaire, de toute cohésion territoriale ».

 

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Soleil, brumes, brouillard. Paysage magnifique. Un proverbe turc dit : Pas de montagne sans brouillard, pas d’homme de mérite sans calomniateurs.

 

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Casque sur les oreilles. J’écoute Miossec,

Le soleil est à la verticale Sur la voie ferrée horizontale

J’écoute aussi Bernard Lavilliers, Cyril Mokaiesh, Benjamin Biolay.

Et Bobby Womack.

En boucle comme d’habitude.

File indienne.

 

 

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9H00. Le rideau métallique est baissé sur les toilettes en gare d’Oyonnax. SNCF, je t’aime IMG_6003moi non plus. Excuse-moi, c’est vrai que tu as changé de nom « Oui.Sncf », c’est tellement plus joli.

 

 

 

 

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9H30. Rue Brillat Savarin, gastronome originaire de l’Ain et auteur de « Physiologie du goût » (1825) à qui on doit quelques aphorismes célèbres comme celui-ci : « Dis-moi ce que tu manges : je te dirai ce que tu es. » Pourquoi les rues ne sont-elles pas fidèles à leur nom ? Il faudrait ici des boulangers, des pâtissiers, des restaurants, des traiteurs, des épiciers, des salons de thé, des magasins de producteurs.

 

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Au 22, je retrouve Delphine, la prof de français de la classe relais, et Carole de la médiathèque.

 

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Premier atelier avec Kassim, Wilhelm et Leonaldo. Scolarisés en 4ème et 3ème, les deux premiers ont décroché. D’après ce que j’ai compris, Leonaldo dont la langue maternelle est le portugais n’a plus le droit à une place en classe Français Langue étrangère. N’empêche, s’exprimer en français est pour lui extrêmement compliqué.

Je leur avais demandé d’amener deux photos de lieux : un endroit qu’ils aiment et un autre qu’ils n’aiment pas. Seul Kassim est venu avec des images. Deux photos de vacances avec sa maman et son frère. Mais derrière l’appareil photo, complète-t-il, il y avait tout le reste de la famille.

 

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La coordinatrice de la classe relais m’avait avertie : le problème de ces jeunes, c’est le manque de motivation. Je leur expose pourtant le projet que j’ai pour eux. Je leur explique la règle du jeu.

 

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Au début, ils sont réceptifs malgré une attention en dents de scie.

Puis, IMG_5821tour à tour, ils se bloquent, ça les « saoule » d’écrire, de se corriger. Ils sont gênés, ils rient pour un rien. Le rire, c’est vrai, ça permet d’évacuer. Problème de vocabulaire, d’expression. Ils se heurtent tout de suite à ce qui leur manque, à commencer par la confiance. En fait, la difficulté de l’exercice les rebute et les freine… et pourtant, je mets des mots à leur disposition. Ils voudraient faire marche arrière.

Ils n’acceptent finalement que le face à face, loin du regard des autres… heureusement nous sommes trois adultes pour eux trois ! Et, là, ça marche. Kassim qui renâclait s’y met et le résultat n’est pas mal du tout. Idem pour Wilhelm et Leonaldo. Mais aucun doute pour moi : la classe relais, c’est du sport.

 

Dehors, le soleil illumine la rue. Besoin de marcher en sortant pour penser à lundi prochain.

 

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Comment je m’y prendrai avec eux la prochaine fois ?

Comment faire pour que ma venue contribue à les faire progresser ?

Comment faire pour que ce que nous faisons ait un sens ?

 

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S’enfermer pour écrire. Y arriver mais pas assez.

 

 

 

Se laisser sans arrêt distraire.

Le manque de concentration est le mal du siècle.

Avec le mal de dos.

 

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Slovaquie. Après l’assassinat du journaliste Jan Kucik et de sa compagne il y a dix jours, les manifestations se multiplient contre la corruption.

Nous, en France, bien sûr, on n’est pas concernés. Pas de corruption, pas de mafia, rien de tout ça.

Si nous étions de vrais Européens, est-ce qu’on ne serait pas un peu slovaque aussi ?

 

 

Mardi 6 mars 2018

 » Allez à l’essentiel : n’avez-vous pas besoin de jeunes arbres pour reboiser votre forêt ? « 

René Char, Rougeur des matinaux, VI

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Nuit enveloppante. Matin pourtant. Velours de la nuit. Silence de l’aurore ébréché par des mastications de tuyaux. Des liquides vont et viennent entre les murs, l’ossature du bâtiment, tout prend l’eau. Réveil d’insomniaque. J’aime le matin plus que tout. Ecrire dans le velours du matin encore nuit.

 

Dans ma boîte mail, on me dit que cette année, aux Etats-Unis, 60 millions de papillons ne naîtront pas. La faute à un herbicide, le Dicamba, le nouvel herbicide de la multinationale Monsanto qui sait si bien trouver des oreilles à Washington et Bruxelles pour l’autoriser à écouler ses produits toxiques (la liste est longue des effets secondaires selon des associations et des experts : ils génèrent des malformations sur les fœtus, altèrent le processus de reproduction, provoquent une perte d’appétit, des vomissements, des douleurs musculaires, des AVC, des problèmes respiratoires, de l’incontinence, des troubles visuels…)  et que défendent bec et ongles des agriculteurs (à moins que ne se cachent derrière eux des industriels de l’agro-alimentaire) qui promettent qu’ils n’ont pas le choix pour nous nourrir la planète que de répandre ces poisons sur les plantes, sur la terre… Heureusement, d’autres agriculteurs savent y faire pour ne pas nous tuer sauf qu’ils ne sont pas majoritaires, sauf que nos autorités qui mangent sûrement bio ne les aident pas vraiment.

 

A Lyon, le week-end dernier, une poignée de militants d’associations a manifesté  devant le siège français de Bayer, groupe pharmaceutique et agrochimique allemand dont le slogan est « Science for a better life » et qui veut racheter Monsanto. La fusion des deux multinationales inquiète. Il n’y aurait pas de quoi, s’étonnent les porteurs de bonne parole. Vraiment, pas de quoi. Je suis rassurée. Je pourrais presque aller me rendormir.

 

La pluie tambourine au-dessus de moi. Non, non, pas question de la faire rentrer.

 

C’est un crachotis qui tombe quand je sors enfin de mon refuge. Isabelle qui travaille à la médiathèque m’accompagne au collège Jean Rostand où nous avons rendez-vous pour une nouvelle rencontre-atelier avec les élèves de 6ème Français Langue Etrangère.

 

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Anne-Sophie a gardé l’alignement des tables que je lui avais demandé la dernière fois. Rassemblés, les bureaux forment tous ensemble comme une grande table familiale.

La documentaliste m’explique qu’au début, les élèves s’en sont étonnés. Pourquoi, madame, cette nouvelle disposition ? Comme ça, pour essayer ! a répondu Anne-Cécile.

Les enfants ont de la chance d’avoir une documentaliste comme elle qui veille à ce qu’ils se sentent bien, qui a bien remarqué qu’être assis seuls à une petite table les isole trop, les met mal à l’aise. Du coup, la grande table familiale, ils l’ont essayée et ils adorent. Evidemment, me dit Anne-Cécile, ils font un peu plus de bruit…

Voilà, derrière la porte, je vois arriver les neuf élèves de sixième langue étrangère. Ils sont tous là, souriants. Je m’en veux aussitôt car je confonds leurs prénoms. Pourtant, je ne les confonds pas. Je sais exactement qui ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils aiment.

Leur prof, Julie, arrive elle aussi, rayonnante. :-)))))

On se rassemble et je leur fais raconter chacun leur histoire devant les autres. Certains d’entre eux sont venus le matin même au CDI pour travailler dessus. Ils se sont parfois aidés en dessinant des scènes de leur nouvelle.

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Les autres ont réfléchi aussi à la construction de leur récit. Najwa a écrit son histoire en italien ce qui lui permet d’avancer à sa manière. J’essaie de comprendre, de mettre du français sur son histoire. Ils sont tous très investis dans le projet et c’est très émouvant.

 

Puis chacun prend position derrière un ordinateur. Pas évident d’en trouver pour chacun. Mais finalement, ça roule. Je veux aider chacun d’entre eux. J’appuie sur ce qui fait leur singularité, essaie de les faire creuser histoire et personnages, leur explique que ce qui est dans leur tête, il y a une façon de le partager.

 

 

 

 

Encore une fois, ça passe trop vite. Leur implication, leur sérieux m’impressionnent. Aucun ne s’en fiche. Et, pourtant, quel défi pour eux ! Pour nous aussi, les adultes.

 

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En sortant, Isabelle me dit son enthousiasme de voir des jeunes contents, attentifs, enthousiastes, motivés ! JOIE.

 

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Mercredi 7 mars 2018

Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière. Beaux yeux brûlés parachèvent le don.

René Char, Rougeur des matinaux IX

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A la radio, j’écoute une ministre, un chanteur et un écrivain parler du droit d’auteur, des revenus des écrivains, de leurs conditions de travail, de leur précarité. La Charte des auteurs jeunesses dont je suis adhérente a obtenu que le salon des livres de Paris qui se tiendra bientôt rémunère les auteurs qui assurent son animation. Jusque là, sous prétexte que ce salon assure la promotion des livres, ses organisateurs refusaient, de payer leurs auteurs. En clair, puisque grâce à lui, des livres allaient être vendus, pourquoi payer les écrivains ? Quand on sait combien un auteur gagne sur le prix d’un livre, on comprend bien que cet argument était insupportable à entendre pour les auteurs.

Selon une étude de 2015, il y a 100 000 auteurs de livres. Seuls 5000 gagnent suffisamment pour cotiser aux AGESSA, la sécurité sociale des auteurs. 90 % des auteurs perçoivent un revenu en droits d’auteur inférieur au SMIC. Ainsi,  les deux tiers des auteurs exercent une autre activité professionnelle.

délices de TokyoEcrire. Lire. Mon livre de la semaine est japonais. J’avais vu le long métrage de Naomi Kawase, Les délices de Tokyo. Un merveilleux film d’une réalisatrice que j’apprécie. L’histoire de Sentaro, vendeur de doryakis, des pâtisseries à base de haricots rouges, qui fait la connaissance de Tokue, une vieille dame qui lui demande de l’embaucher.IMG_5908

J’ai commencé la lecture du livre dont ce film est adapté
un peu par hasard. Je voulais offrir ce roman et je l’ai finalement gardé. Au fil des pages, j’ai été touchée par la délicatesse de ce texte. A chaque fois que je termine un livre que j’ai beaucoup aimé, j’appréhende un peu de commencer un nouveau roman : aurais-je autant de plaisir dans la lecture de celui-ci que dans celui que j’ai fini ?

 

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Jeudi 8 mars 2018

Imite le moins possible les hommes dans leur énigmatique maladie de faire des noeuds.

René Char, Rougeur des matinaux XXI

 

 

 

 

Belles rencontres de femmes tout au long de la journée.

Il y a des journées comme celles-ci qu’il faut refaire défiler lentement le soir dans son lit parce qu’elles ont rendu la vie si dense, si précieuse.

 

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Matin. Une femme cherche son chemin. Un peu perdue, le français un peu défaillant. Elle est partie ce matin des environs de Chambéry pour venir voir son fils installé depuis peu à Oyonnax. Un ingénieur de la plasturgie.

Je la rassure, je lui souris. Je l’aide comme je peux et voilà que je me retrouve assise en face d’elle à échanger. Au début, je dois poser des questions pour savoir ce qui fait sa vie. Puis, c’est mon silence qui la fait raconter son parcours de vie. S., 50 ans, née à PHONM PENH et exilée en France depuis une dizaine d’années pour permettre à ses enfants de faire les meilleures études possibles. Elle me parle de son jardin là-bas, des fleurs qu’elle y a planté, de sa mère qui s’en occupe, de toutes les variétés de basilic dans son potager, de son vieux père tombé malade, de ses petites soeurs médecin et ingénieur chimiste au pays, de son mari devenu ouvrier alors qu’il occupait un poste important là-bas, de ses trois enfants qu’elle pousse pour qu’ils aillent le plus loin possible et de sa vie ici, de sa vie si fragile et de la tentation qui l’étreint parfois de tout plaquer, de partir, de revenir là où elle existait vraiment.

 

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Tout est dit avec pudeur et retenue, toujours en souriant. S. qui me dit qu’elle se sent vieille. Je lui dit qu’elle exagère, que j’ai juste trois ans de moins qu’elle. Ah, bon ? Tout à coup, c’est moi qui ai l’impression d’avoir cent ans.

Elle murmure : « J’ai de la chance de vous avoir rencontrée ». Mon visage s’illumine. Comment lui dire à quel point je me sens comblée ? Comment me taire pour ne pas lui dire que j’écrirai son histoire ? Inutile de l’inquiéter avec ça.

La vie des autres nous nourrit à un point qu’ils n’imaginent pas.

En quittant S., j’ai des ailes qui ont poussé sur les épaules et le soleil s’étend de tout son long sur Oyonnax. Il s’étend et se roule dedans.

Envie d’écrire et de rester dehors. Contradiction. Lors des rencontres scolaires, je dis souvent  aux enfants qu’on écrit quand on marche, qu’on écrit d’abord dans sa tête. Pas faux, mais là mon texte n’avance pas.

 

 

 

 

Tout m’incite à sortir. Alors me voici au rez de chaussée du centre culturel. Exposition photos. Les femmes du quartier de la Plaine ont accepté de poser avec leurs valises dans le cadre d’un projet avec une compagnie de théâtre.

 

 

 


Puis rencontre entre l’humoriste Samia Orosemane et les habitants d’Oyonnax.

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Je découvre cette comédienne déjantée. Visiblement, je dois être l’une des rares à ne pas la connaître. Ses vidéos font un tabac sur youtube et sa participation dans l’émission de Djamal Debbouze l’a propulsée sur le devant de la scène. J’en ai la confirmation quelques heures plus tard  lors de son spectacle qui affiche complet. A côté de moi, une spectatrice d’origine algérienne s’enthousiasme bruyamment…. si fort que je n’entends pas toujours l’humoriste, si fort que je sens me très introvertie.

 

 

 

Autre rencontre. Vanessa avec qui je communique via les réseaux sociaux. J’ai rencontré cette jeune femme il y a quelques années. Je pourrais presque être sa mère. Vanessa essaie d’être elle-même en étant femme et pas uniquement ça. Cependant, Vanessa souffre d’une maladie dont on commence à parler mais qui reste tabou : l’endométriose.

Sur Facebook, Vanessa écrit :

Une femme sur 10 est atteinte de la maladie encore trop peu connue qu’est l’endométriose. Je suis l’une d’entre elles. La pathologie a été diagnostiquée à 28 ans, âge où j’ai enfin rencontré, trouvé un médecin sensibilisé à ce sujet et qui m’ECOUTE, qui me prenne enfin au sérieux! Ce n‘est pourtant pas faute d’avoir parlé de mes douleurs atroces handicapantes à d’autres thérapeutes pendant près de 18 ans. Au lieu d’être écoutée, je me suis sentie jugée :  » Tu es une femme, c’est normal d’avoir mal ». Non ce n’est pas normal ! 18 ans plus tard, je le découvre, j’arrête de culpabiliser et de douter.
Trop de gens jugent encore plutôt que d’écouter et de compatir.
L’absence d’écoute et de compassion peuvent conduire à des situations gravissimes. Dans le cas de l’endométriose : l’infertilité selon le stade de la pathologie, la souffrance mentale de ne pas être entendue et la souffrance physique qu’engendre celle-ci.

Alors, que nous soyons un homme ou une femme, un ami, un médecin, un collègue, écoutons ce que les autres ont à nous dire et très souvent à nous offrir.

Mettons notre ego de côté pour pleinement et sincèrement ÉCOUTER.

A toutes ces femmes qui souffrent, je veux leur dire de ne pas rejeter la féminité mais plutôt de se lever pour qu’on les écoute et qu’on les respecte, en France, à l’autre bout du monde, en entreprise, chez un médecin, ou ailleurs. 
Assumons ce que nous sommes et ne subissons plus.

 

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Je croise Anne-Cécile, la documentaliste du collège Jean Rostand,  devant le centre culturel. La prochaine fois, pour l’atelier avec les élèves de Julie, elle ne sera pas là, mais en voyage de classe à Genève. Mince. J’irais bien avec elle. Anne-Cécile évoque l’atelier d’écriture que j’animerais le 20 mars à la médiathèque. « J’aimerais bien y participer, me lance-t-elle. Il n’y a pas que les élèves qui ont le droit, non ? » Je ris. J’aimerais bien qu’Anne-Cécile soit là le 20…

 

 

Vendredi 9 mars 2018

On ne bâtit multiformément que sur l’erreur. C’est ce qui nous permet de nous supposer, à chaque renouveau, heureux.

René Char, Rougeur des matinaux XXIII

 

Matinée d’écriture. Le temps file à toute allure avant de retrouver les enfants du CM2 de l’école de la Forge. C’est notre dernière séance, la cinquième. Je retrouve Maria de la médiathèque qui m’accompagne pendant cette séance et qui nous aide Maryline, la maîtresse, et moi, quand les enfants ont besoin d’un coup de pouce ou quand ils ont une question particulière. Aujourd’hui, ils sont tous là, souriants : Andreia, Ayoub, Aziz M., Aziz Y. , Bahija, Beyza, Chahid, Chahinda, Déa, Douâa, Esma, Hayet, Ikra, Isaak, Jeson, Kenzy, Manelle, Maryam, Mounib, Nadir, Sarah, Souhayla, Yusuf, Zayed.   Les enfants ont sorti leur cahier d’écrivain. Encore une fois, ils sont attentifs. Ils écoutent calmes et intéressés. Ils lisent, écrivent, s’exercent à examiner leurs écrits avec un oeil critique, peinent à identifier des défauts, mais pas toujours, parfois ils y réussissent, se corrigent, s’améliorent, refusent d’aller en récrée, veulent continuer leur histoire et lui trouver un titre.

Maryline, leur maîtresse, les observe, étonnée et contente. Vous pouvez être fiers de vous, de vous persévérance, souligne-t-elle.

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D’eux mêmes, ils ont préparé des dessins pour moi et aussi pour Maria qui m’accompagne. Ils les affichent sur le tableau. Evidemment, ça me touche. Je fais des photos. Ils répètent en choeur « Vous allez nous manquer, Isabelle ». La maîtresse leur annonce que j’ai demandé à revenir encore une fois dans leur classe. Bref, nous nous reverrons. Du coup, c’est plus facile de se quitter même si, évidemment, je dépasse encore l’heure. Ils ont chacun encore quelque chose à me dire ou à me demander.

 

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Retour à Lyon. Message d’Anne-Cécile, la documentaliste du collège Jean Rostand. Texte et photos. Zakaria est venu au CDI travailler sur son histoire et se faire aider par un élève de 6ème qui n’est pas dans sa classe de FLE et avec lequel il n’a pas toujours de bonnes relations. Miracle de l’atelier, des mots, des rencontres, des livres et de toutes les histoires qui nous traversent.

Un peu plus tard. Message de Maria. Texte et photo. Bonheur des mots, des rencontres, et de tous nos récits.

Merci

 

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