Dole, décembre 2019

Je commence ce mois-ci une résidence d’autrice à Dole, dans le Jura. Jusqu’au mois de mai 2020, je vais intervenir régulièrement, plusieurs fois par mois dans deux collèges des environs, à Damparis et à Tavaux, situés à quelques kilomètres l’un de l’autre.

Dans le premier, je travaille avec une dizaine d’éco-délégués, des élèves de la 6ème à la 3ème. Dans le second, il s’agit d’une classe de 4ème que je rencontre en demi-groupe. L’objectif est le même dans les deux établissements : écrire des textes sur le thème de la biodiversité, mais pas n’importe quels textes, une collection d’histoires pour créer un podcast.

Nous avons d’abord commencé par faire connaissance. C’est la base, pour moi, avant de se lancer dans une longue série de rencontres et d’ateliers d’écriture.

Ils ont parfois bien voulu parler un peu d’eux, me confier ce qu’ils aiment ou pas.

Dans l’un des deux groupes, un garçon de troisième a écrit un texte à mon intention. C’était plus que touchant, c’était incroyable de l’entendre lire.

A chaque fois, on a évoqué ensemble mon travail d’écrivaine et je leur ai expliqué pourquoi j’écris sur le thème de l’environnement.

Depuis mon premier roman, « Dans la peau des arbres » (2006), je crois qu’il n’y a pas un seul de mes livres qui n’évoque la nature et ne décrive son rôle dans la vie des personnages de mes histoires. 

Mon premier roman ne parle pourtant pas directement de biodiversité ou d’environnement. C’est le récit du dernier été d’une adolescente avec sa grand-mère contrainte de quitter sa maison dans le Sud de la France pour le Nord où son fils habite. La nature y est omniprésente. Elle agit sur les personnages, elle déteint sur eux, elle leur sert aussi de miroir. Dans mon roman « Dans la peau des arbres », la destruction de la forêt qui entoure la maison de la grand-mère va complètement changer la vie des personnages, va les toucher dans leur corps, leur être et leur identité.

Petite-fille d’un mineur poète et d’un paysan apiculteur, mon histoire familiale est très liée à la terre où l’on grandit. Elle fait ce que nous sommes et on doit la respecter. J’ai d’ailleurs habité dans des endroits très différents : au bord de la mer, à la campagne, dans un village, en ville, en province, à Paris, au Nord, au Sud, à l’Est, en France et à l’étranger. Je m’intéresse par conséquent naturellement depuis très longtemps, sans doute depuis l’enfance aux questions de l’environnement.

De plus, mon métier de journaliste m’a souvent amenée à travailler sur ces questions. Aujourd’hui, même si je ne l’exerce plus, je ne cesse de m’intéresser à ce sujet brûlant d’actualité d’autant qu’il préoccupe mes propres enfants.

J’ai consacré deux livres à cette thématique. 

Le premier « Chico Mendes : « Non à la déforestation » est un roman historique paru dans la collection « Ceux qui ont dit Non » (Actes sud junior). Il raconte l’itinéraire d’un petit garçon de 9 ans, ouvrier du caoutchouc, qui deviendra une figure de la lutte pour l’environnement, le brésilien Chico Mendes. Son engagement le conduira devant les Nations Unies pour défendre l’Amazonie. Lui qui n’a eu de cesse de lutter pour que la forêt primaire et ses habitants soient protégés avait réalisé qu’en se battant pour sauver les arbres et l’Amazonie, ils se battaient aussi pour sauver l’humanité.

isabelle Collombat

Après la parution de ce livre, j’ai écrit un documentaire illustré, « Des héros pour la terre » (Actes sud junior) dans lequel je dresse plus d’une trentaine de portraits de citoyens ordinaires engagés, à travers le monde, dans la défense de l’environnement. La plupart n’ont pas d’autre choix que de défendre leur terre, leur eau, leur forêt. Leur survie en dépend. De la Tasmanie à la Chine, du Gabon au Chili, ces portraits évoquent les nombreuses menaces provoquées par la course au profit et l’exploitation intensive des ressources.