
Été 1994. Goma, ville-frontière du Zaïre (ex-RDC), bordée par le Rwanda et le lac Kivu.
C’est un minuscule moment à l’échelle d’une existence, aussi court dans le temps que localisé dans l’espace. Quelques semaines passées dans les camps de réfugiés rwandais juste après le génocide des Tutsi qui a fait près d’un million de morts.
Ma première expérience professionnelle de journaliste ruisselle depuis plus de trente ans dans ma vie. Une faille, un grand saut, une cicatrice, une prise de conscience. Un apprentissage en accéléré du métier que je quitte plus tard. Avec en arrière-plan, l’obstination de mon pays à nier, contester puis admettre en partie le rôle qu’il a joué au Rwanda à l’époque.
Cet été 1994, j’ai, donc, 23 ans. Tout juste diplômée de l’École de Journalisme de Lille, je crois réaliser un rêve : devenir reporter et, un jour peut-être « Grand reporter ». En CDD à RTL, j’apprends que « la première radio de France » souhaite détacher un de ses journalistes auprès de « Reporters sans frontières » pour participer aux activités d’une radio humanitaire dans l’Est du Zaïre, à la frontière avec le Rwanda. Je suis très motivée et donc candidate. Ma vocation d’être là où les choses se passent est si forte qu’elle l’emporte sur mon appréhension.
Je m’inspire de cette première expérience pour écrire mon roman « Bienvenue Goma » (Rouergue, 2008).
Cette première expérience explique mon intérêt depuis trente ans pour cette région du monde, du côté du lac Kivu. Et notamment mon besoin de comprendre le génocide des Tutsis et ses conséquences sur les individus, dans la vie du Rwanda mais aussi ce qu’il a engendré comme relations entre les états. Ma volonté aussi de raconter aussi cette histoire comme une page de l’Histoire de France.
J’ai ainsi écrit « La mémoire en blanc » (Thierry Magnier, 2015) et « Après la pluie d’Avril » (BayardRécit, 2024).
En 2023, j’ai co-créé l’association Kwandika pour organiser un échange littéraire et une correspondances en une classe de 3ème en France et une autre au Rwanda.
J’ai interviewé Gaël Faye.
Je prépare actuellement une bande-dessinée « GOMA » avec le dessinateur Deloupy qui sera publiée par les éditions Futuropolis.